par Chris von Rosenvinge
(Deux mains s’entretiennent.)
— S’il te plaît, donne-moi un coup de main. Dans cette affaire, je compte sur toi pour être ma main droite.
— Tu sais bien que je suis main gauche, mais je suis toujours prête à mettre la main à la pâte.
— Tu es bonne pâte.
— Mais non, je ne suis pas patte, ni patte-pelue. Je n’ai pas de pattes de lapin non plus. J’ai un corps humain, je suis main humaine à cinq doigts.
— Tu es bête quand même.
— Tu n’as pas droit à m’entretenir de cette manière.
— Comme tu es gauche !
— Evidemment, mais attention ! Ce que tu me rapproches je peux te le rapprocher aussi, car nous sommes comme les dix doigts de la main.
— Pas du tout. Tu n’as pas la main légère. Il est impossible de lire tes pattes de mouche et très difficile de te serrer la main.
— Bas les pattes ! Je suis main gauche, bien sûr, mais je suis droitière et c’est toi qui fais toujours la plupart du travail. Ta patte est toujours partout.
— Dans cette affaire il faut que tu mettes la main à la poche.
— Si j’ai la main à la poche je ne pourrai pas t’aider.
— N’en venons pas aux mains ! Si je te graissais la patte ? Ce que je propose, c’est que tu m’aides d’abord à faire ce travail et après y avoir mis la dernière main, nous dînerons ensemble. On prendra des pâtes et puis on dansera un pas de deux à deux pattes. Or c’est un travail épineux que j’ai à faire; il faudra le prendre à deux mains.
— À demain.
— Tu ne m’écoutes pas. Il faut travailler maintenant.
— Si tu me tiens la main, je ne pourrai pas t’aider.
— Les mains m’en tombent ! Allons, la main et que ce soit fini.